La Plume 2012-2014

Je vote, donc je suis. Eloge de la citoyenneté politique

Article paru dans La Plume de l’Est d’octobre 2013, Elections municipales 2014, préparons-les maintenant

En matière d’abstention, que celui qui a toujours voté jette la première pierre ! Les Français votent, certes, mais ils votent à la carte en prenant des largesses avec certains types d’élections. Leur abstention est dictée par tout un ensemble de motifs, du plus militant au moins stratégique. Au delà des motivations de tout-un-chacun, on peut tout de même se poser la question de savoir si les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville et les plus fragilisés n’auraient pas intérêt à se ressaisir de la « Chose-publique » (Res-publica) afin de peser réellement sur les enjeux des différentes élections.

Le citoyen aime plus ou moins certaines élections

Les Français sont très attachés à certaines élections, tout comme ils n’hésitent pas à délaisser certains scrutins, comme si le vote pouvait être scindé en différentes catégories. Deux échéances électorales sont particulièrement appréciées des électeurs français, à savoir les présidentielles et les municipales. Ce sont les deux élections qui enregistrent les taux d’abstention les plus faibles, de l’ordre de 20 % en 2012 pour la première, et de plus de 33 % en 2008 pour la seconde. Quant aux autres élections, elles connaissent des taux d’abstentions non seulement extrêmement importants, mais qui augmentent dans le temps.

Les taux d’abstention aux dernières élections

Election présidentielle : 20 % en 2012 (16 % en 2007)

Elections municipales : plus de 33 % en 2008 (32 % en 2001)

Elections législatives : près de 44 % en 2012 (40 % en 2007)

Elections régionales : 52 % en 2010 (36 % en 2004)

Elections cantonales : 56 % en 2011 (40 % en 2008)

Elections européennes : près de 60 % en 2009 (57 % en 2004)

(source : TNS/SOFRES et www.france-politique.fr)

S’abstenir, c’est quoi au juste ?

S’abstenir, c’est ne pas dire ou ne pas faire, mais ce n’est pas forcément être passif. Au plan du vote, c’est le fait de ne pas exprimer sa voix lors d’un scrutin sans même se présenter au bureau de vote. L’abstention doit donc être différenciée du vote blanc, qui correspond à l’enveloppe vide déposée dans l’urne par l’électeur, et du vote nul, qui renvoie le plus souvent à un bulletin raturé, annoté ou déchiré. Le taux d’abstention est calculé en rapportant le nombre de citoyens qui ne sont pas rendu au scrutin au nombre total des inscrits sur la liste électorale. Si l’on tient compte de toutes les personnes non inscrites sur les listes d’électeurs et de toutes celles qui ignorent leur inscription, donc qui ne votent pas, le taux d’abstention pourrait être encore plus important.

On pourra bien entendu prétexter que le vote n’est pas une obligation légale en France. Certes, mais il n’en demeure pas moins un devoir citoyen dans un Etat de droit comme le nôtre. Quiconque prend le temps de jeter un coup d’oeil à sa carte électorale y verra inscrit très clairement que « voter est un droit, c’est aussi un devoir civique ». Aucune sanction n’est donc prévue dans la loi pour le refus d’aller voter, sauf  pour les élections sénatoriales qui font perdurer le système des « grands électeurs », lesquels se voient obligés d’aller voter le jour du scrutin sous peine d’une amende de cent euros.

Voter, c’est quand même plus efficace

Certains abstentionnistes se définissent comme militants ; pour eux, ne pas aller voter fait partie d’un rapport spécifique à la citoyenneté et au politique. D’autres affirment plus simplement leur désintérêt face à des discours qui n’obtiennent pas leur adhésion, parce que trop compliqués ou pas assez convaincants. Le plus problématique, dans ce panel de citoyens, réside certainement dans l’abstentionnisme par défaut, celui des personnes les plus fragilisées, les plus précaires et, surtout, qui ont les plus faibles capacités de mobilisation. Entre perte d’espoir – les politiques sont tous des menteurs, y’en a que pour les plus aisés – et difficulté de gérer son quotidien, il n’est en effet pas facile de s’intéresser au vote, et nombre d’élus le savent bien. Parallèlement, les partis d’extrême gauche comme d’extrême droite continuent leur lutte sempiternelle pour accaparer les voix de cet électorat en puissance, tandis que les partis traditionnels ne cessent d’y voir un danger pour la nation et la démocratie.

Le plus intéressant, ici, ce n’est certainement pas les élucubrations des politiques, qui riment trop souvent avec le simplisme, pour ne pas dire le ridicule. Non, le plus intéressant, c’est le travail de prise de conscience du citoyen afin qu’il soit convaincu qu’il a tout à fait la possibilité, au moins à l’échelle locale, de peser sur les décisions politiques. Combien d’élus d’élus locaux voient plutôt d’un bon œil cette abstention d’un électorat potentiellement hostile, alors même qu’ils sont élus parfois à quelques centaines de voix près. Devenir une minorité de blocage et, pourquoi pas, une force de proposition c’est renouer avec une tradition hexagonale de mise en débat qui a complètement été démantelée. A chacun de revenir dans l’arène en commençant, pour ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales, par courir en mairie demander sa carte d’électeur.

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