La Plume 2012-2014

L’éthique de la solidarité : de l’état d’esprit à l’action

Tribune publiée dans La Plume de l’Est de septembre 2012, Economie & business, quelle finalité ?

La solidarité, pour le musulman, est à la fois un état d’esprit et une attitude découlant directement de sa foi, dans la mesure où il est persuadé qu’il ne saurait y avoir de relation à Dieu aboutie sans une attitude d’altruisme désintéressé, envers l’envers l’homme et envers le respect de l’environnement. Cela nécessite d’être prêt à sacrifier une partie de son temps et de ses richesses au profit d’autrui, sans se sentir lésé, diminué, ou encore en nourrissant la crainte de se retrouver soi-même dans l’indigence, car Dieu est le pourvoyeur des biens et des richesses. Le Coran résume cette dynamique de la foi dans un propos à la fois très simple et très profond : « Et ils offrent la nourriture, malgré leur amour pour elle, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier, en disant : – C’est pour le visage de Dieu que nous vous nourrissons, nous n’attendons en retour de votre part ni récompense ni remerciement. » (s. 76/v. 8-9). Les catégories de personnes citées ici sont très spécifiques, et elles offrent un éventail très large d’actions possibles en faveur des plus démunis et des individus les plus exposés à la précarité. Encore faut-il, pour vivre cette solidarité au plus profond de soi, d’être animé par un double sentiment. Le premier est la capacité à privilégier l’autre, en fonction de ses moyens personnels, mais en n’hésitant pas à puiser dans une partie de ses ressources. A ce sujet, l’histoire des premiers musulmans est jalonnée de périodes de disette et d’indigence qui ont amené le Prophète à enjoindre les musulmans les plus aisés à faire œuvre de grande solidarité. Ce fut le Cas à Médine lorsque les musulmans Mecquois, ayant fuit les persécutions des polythéistes, se sont retrouvés sans plus aucun bien ni toit. Le Coran louera la solidarité des musulmans médinois en ces termes « […] Ils aiment ceux qui émigrent vers eux, et ils ne ressentent dans leur cœur aucune envie pour ce que ces immigrés ont reçu, ils les préfèrent même à eux-mêmes alors qu’ils sont dans la pénurie. Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. » (s. 59/v. 9). Vivre cette solidarité en 2012 prend une certaine tournure lorsque l’on sait que nous vivons dans une société malade de la nourriture ; fait unique peut-être dans l’histoire humaine, une partie des Hommes est soigné et, dans bien des cas, meurt de l’excès de nourriture alors qu’une partie importante de l’humanité n’a même pas accès à l’eau potable. Cela fait partie des contradictions des Hommes alors qu’une répartition équitable des richesses par une collaboration raisonnée, est plus que possible, elle est salutaire pour une vie apaisée. Encore faut-il ne pas tomber dans le piège des calculs de bas-étage… Même s’il n’est pas possible d’agir au plan global, chacun à la possibilité de faire œuvre de bien dans son entourage immédiat. Malheureusement, bien des musulmans se restreignent dans la distribution de l’aumône ou dans l’acte de bien envers autrui pour des prétextes assez futiles, du genre « Untel n’est pas musulman, si je lui donne de l’argent il risque d’acheter de l’alcool et je participerai de son péché ». Les compagnons du Prophète, paix sur lui, avaient déjà interrogé ce dernier sur ce type de considérations. Le Coran leur offre une réponse claire : « Et ils t’interrogent : – Que doit-on dépenser en charité ? – Réponds : – L’excédent de vos biens. Ainsi Dieu vous explique Ses versets afin que vous méditiez. » (s. 2/v. 219). En cette période de crise durable, le musulman à un véritable rôle à jouer en terme de solidarité et d’engagement auprès des plus démunis.

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